Bioéthique : Ambiguité du don et du refus
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La France est un des rares pays au monde à avoir inscrit dans ses lois la notion de non-patrimonialité et de non-disponibilité du corps.
Cela ne signifie pas que ce soit le seul pays qui interdise la marchandisation du corps. Mais cette interdiction se fait au nom d’un principe intangible. Le corps du citoyen ne lui appartient donc pas en propre. Il ne peut en faire commerce.
Et pourtant étrangement, il peut en faire don.
Don de ce qui ne lui appartient pas... et même don présumé, car la loi Caillavet de 1976 considère que le corps de la personne décédée peut faire l’objet de prélèvement d’organes en l’absence d’opposition exprimée de son vivant.
L’ambiguïté commence quand cette connaissance d’un refus explicite est si rare (à peine une cinquantaine de mille sur le registre national des refus) que l’on demande à la famille le sentiment du défunt sur l’acceptable ou le refus de ce prélèvement.
Mais la famille ignore le plus souvent le souhait réel de celui qui vient de mourir et exprime alors son sentiment à elle.
Or en situation de deuil brutal, cette question est porteuse d’une grande violence. « Laissez-le en paix ! » constitue une réponse émotive qui fait abstraction des bénéfices que le receveur d’organe devrait attendre.
Les refus familiaux dans une telle situation sont de l’ordre de 30%.
Didier Sicard, L’éthique médicale, P.U.F. ’Que sais-je ?’, 2009, p. 21
Source : Cairn.info